LE CASTELLAS
Il ne reste plus comme vestiges du Castellas, du côté ouest, qu’un grand pan de muraille visible encore de nos jours et qui fut escaladé en l’an 1285, par les « Marins » de Philippe le Hardi et du Roi de Majorque.
Installé sur un promontoire dominant la ville de Céret, un mur épais à droite du bâti et la base d’une tour dans le jardin, constituent les rares vestiges encore visibles de cet ancien château seigneurial de la ville (IXe-Xe siècles).C’est devenu une propriété privée qui ne se visite pas.
En 1916, le peintre Pierre Brune (1887-1956) s’installe à Céret. Il aménage sa maison sur des ruines du château. Dès 1919, sa maison-atelier le « Castellas », devient un lieu de rencontre pour ses amis artistes tels Pinchus Krémègne, Franck Havilland, Maurice Loutreuil, Chaïm Soutine, André Masson ou Manolo Hugué.
Pierre Brune (1887-1956) est un artiste-peintre français, fondateur et premier directeur du Musée d’art moderne de Céret de 1950 à 1956. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il contracte une maladie qui l’obligera à se fixer dans le Sud. C’est à Céret qu’il s’installe en 1916. Il ne quittera le Vallespir qu’ épisodiquement pour aller exposer des œuvres à Paris, chez Duret, Katia Granoff ou à Toulouse chez Chappe.
À Céret, sur les vestiges du château féodal, il construit sa maison, « le Castellas » où il accueille ses amis artistes.
En 1946, un incendie détruit sa maison atelier le Castellas et une grande partie de son travail. Brune reconstruit la maison.
En 1948, il entreprend avec l’aide de Frank Burty Haviland et sous l’impulsion du Maire Michel Sagéloly, ami des artistes et de Pierre Brune lui-même, la création du Musée d’art moderne de Céret.
Nommé conservateur, il réunit la collection initiale léguée par l’archiviste céretan Michel Aribaud et des œuvres collectées auprès d’artistes (Picasso et Matisse font don de plusieurs pièces), de leurs veuves, ou leurs héritiers ainsi qu’auprès de collectionneurs comme Kahnweiler.
Pierre Brune a joué un rôle essentiel dans la vie culturelle cérétane.
HISTOIRE
« L’on nommait « Castellas » (grand château en catalan), la forteresse défensive qui dominait Céret au Moyen-Age.
C’était une grande tour carrée, aux murs solides, aux fenêtres haut placées, capable de résister à un siège. Cette tour était entourée d’une enceinte d’épaisses murailles d’une quinzaine de mètres de hauteur.
Ces murs épais empêchaient, en cas d’attaque par surprise de l’ennemi, que celui-ci entre dans la place et investisse le donjon qui paraît-il était imprenable. Le Castellas, était la demeure seigneuriale du Vicomte Jazbert, qui avait le titre de seigneur de Céret, de sa seconde épouse Galcerande et de sa fille Sibille.
Lorsqu’en 1285, le fils de Saint Louis, Philippe III, surnommé le Hardi, entra en Roussillon avec une grande armée pour mettre à exécution la sentence du Pape Martin IV, qui avait déclaré le Roi d’Aragon Pierre III déchu de ses droits parce qu’il avait été l’instigateur des vêpres siciliennes, et s’était fait couronner Roi de Sicile.
Le Roi de Majorque Jacques 1er qui avait sa demeure à Perpignan, prit parti pour le Roi de France Philippe le Hardi, mais le seigneur de Céret le Vicomte Jazbert embrassa la cause de Pierre III Roi d’Aragon, qui n’était autre que le frère aîné du Roi de Majorque. A la suite de leur seigneur, plusieurs habitants de Céret et notamment, Raymond Gener, Guillaume de Rippa, Bernard Furn, et bien d’autres, passèrent la frontière et allèrent s’enrôler sous la bannière d’Aragon. Mal leur en prit, ils furent immédiatement déclarés félons et rebelles, coupables de crimes de lèse-majesté et leurs biens furent confisqués (Hist. E. Petit).
Le Roi Jacques 1er de Majorque, punit encore de félonie le Vicomte Jazbert Seigneur de Céret, par la destruction complète de son château. Avec l’aide des soldats de Philippe le Hardi, il cerna le Castellas, et le battit de ses engins de guerre (Arch. Université).
Mais le Roi de Majorque ne frappa pas seulement le Seigneur Jazbert et les principaux notables de la ville, il s’attaqua encore à « minuta gent » les menus gens, la classe pauvre. (Procès du Patrimoine). Les quelques cérétans qui purent, à l’approche de l’ennemi, se réfugier derrière les épaisses murailles du Castellas, ne durent pas résister longtemps contre les soldats du Roi de Majorque, appuyés par les arbalétriers de Philippe le Hardi. L’arbalète étant au Moyen-Age l’arme la plus puissante.
Par la suite, les seigneurs de Céret qui se succédèrent, et ils furent nombreux, ne reconstruisirent pas le Castellas. Le Vicomte Jazbert, Seigneur de Céret, mourut en 1323, laissant ses titres à sa fille Sibille. »
Source : « Céret, les chemins sans retour » de René Borrat, Editions Presses Littéraires, 2009