PONT DU DIABLE

PONT DU DIABLE

Le Pont du Diable (ou Vieux Pont de Céret) doit son nom à une légende qui prétend qu’il a été construit par le diable en une nuit. C’est un pont de pierre construit au XIVème siècle.
Au Moyen-âge, si l’on arrive de la plaine du Roussillon, on traverse le Pont du diable, et, c’est par le Carrer Vell (l’actuelle rue de la République) que l’on accède à la ville de Céret.
Le pont a une portée de 45,45 m, une des plus grandes portées d’une arche de pierre au Moyen Âge. La hauteur au sommet de l’arche est de 22,30 m.
L’actuel pont du Diable enjambe le Tech (la rivière principale du Vallespir) depuis 1321, sous le règne des Rois de Majorque.
Cette arche remarquable a été lancée au-dessus du Tech par une entreprise de maçonnerie de Baixas, dont les compagnons étaient de purs catalans et grands bâtisseurs. C’est sous la seigneurie de Pierre de Quéralt qui conserva le fief de Céret pendant 36 ans (1312 à 1348) qu’il fut construit.
Depuis la destruction du pont romain, on passait le Tech à Céret sur un bac. Le besoin d’un nouveau pont était impératif à Céret, d’autant plus que l’agriculture et l’industrie prirent au XIVe siècle une extension extraordinaire et que de plus, le Conflent et le haut Vallespir expédiaient beaucoup par Céret vers le port de commerce de Collioure et vers l’Ampourdan.
Le pont du diable servira de voie principale de communication entre les deux rives, depuis le XIVe jusqu’au XXe siècle.
En 1883, le pont du chemin de fer est construit par l’ingénieur Paul Séjourné, permettant ainsi d’alléger les convois passants par le pont médiéval. Et en 1939, le pont routier est ouvert à la circulation.

LE PONT ROMAIN DE RIPAS-ALTAS

« Les ruines du pont romain sont encore visibles en amont des trois ponts actuels jetés sur le Tech, le Tichis, là où le site était le plus resserré. Nous avons, ici, un monument incontestable vieux de deux mille ans. Les seuls vestiges de ce pont, dit « pont vell », indiquent qu’il était à deux arches. Les culées étaient assises sur le roc. Les vestiges d’une des culées du dit pont romain emporté par la grande crue de 552 sont encore visibles sur la rive droite du Tech.

On sait en effet, que le Roussillon, était à l’époque romaine, traversé du nord au sud par la voie Domitia, la célèbre route militaire, construite environs 50 ans avant l’ère chrétienne. Or, le Tech était une rivière torrentielle dont les eaux retenues, puis insensiblement restituées par des forêts immenses, étaient très abondantes à cause de la largeur du lit et de la mobilité du terrain. Les romains durent remonter jusqu’au point qui nous occupe pour trouver une base solide et des rives peu écartées. Un pont leur était indispensable pour les courriers et le passage des légions que les rivières ne pouvaient arrêter. Ce pont jeté sur le Tech, aux pieds de Ripas-Altes leur permettait d’atteindre les thermes ceux aujourd’hui d’Amélie-les-Bains. »

Source : « Céret, les chemins sans retour » de René Borrat, Editions Presses Littéraires, 2009

LEGENDE DU PONT DU DIABLE

« Un jour, il y a bien longtemps de cela, le Pont de Céret s’était effondré deux fois de suite en peu de temps. Il était presque terminé lorsque, dans un fracas gigantesque il disparut dans le lit du Tech. C’est à la troisième fois seulement que le diable se mit à contribution et proposa de reconstruire le Pont la nuit à condition que lui soit offerte la première âme qui traverserait le Pont lorsque le coq se mettrait à chanter. L’ingénieur qui dressa les plans accepta cette proposition pour ne pas paraître incapable aux yeux de la population céretane qui avait besoin de cet ouvrage pour franchir le lit de la rivière.

Le diable se mit au travail par une nuit d’encre. Aux alentours du Pont, au roulement des lourdes pierres venait s’ajouter une odeur de soufre. Pour ne pas affoler la population, le diable fit diffuser une douce musique catalane sur Céret cette nuit-là. Le jour allait se lever, la construction était presque terminée, mais l’ingénieur était, paraît-il, très futé, comprenant la gravité de son acte, il fit passer sur le Pont un chat noir.

Lorsque le coq chanta, le diable fut si surpris, que pour suivre cette âme, il en oublia de poser la dernière pierre. Cette pierre manque toujours à l’édifice. Il paraît que, même scellée avec le meilleur ciment, elle n’adhère pas au Pont. Le diable rattrapa le chat au Boulou. Le diable promit, pour avoir été dupe du maître d’œuvre de s’employer par tous les moyens à faire écrouler l’édifice.

En ce début de XXIe siècle, le Pont est toujours debout. Les céretans, pour dissuader le diable de sa malédiction ont fait construire deux autres ponts. »

Source : « Céret, les chemins sans retour » de René Borrat, Editions Presses Littéraires, 2009