LE COUVENT DES CAPUCINS
Le couvent des Capucins est le vestige d’un ancien bâtiment religieux situé à Céret.
Le lieu est réputé avoir abrité temporairement la conférence de Céret suite au traité des Pyrénées.
Après l’abandon de sa fonction religieuse en 1881, le site devient la propriété de Frank Burty Haviland où il résida quelques années, en y réalisant de profondes démolitions et transformations, entre 1913 et 1927.
Ce site a servi de sujet à de nombreux peintres du XXe siècle, à partir de cette époque.
La chapelle et son chevet campanile sont, avec l’enceinte et le Mas Aliot, bâtiment rural d’origine antérieure, les seuls vestiges encore debout de l’ancien couvent.
Le site de l’ancien couvent des Capucins se trouve sur un léger plateau dominant le quartier sud-est de Céret. On y accède par la rue des Capucins, qui monte au-dessus du stade Louis Fondecave.
Le couvent de Céret est construit en 1581, après ceux de Perpignan et de Gérone (1580) et avant ceux de Figueras et de Prades (1584) pour les implantations les plus proches de Céret.
En 1808, les retables du couvent des Capucins ont été donnés à l’église paroissiale Saint Pierre de Céret, et placés comme autels latéraux, de part et d’autre du chœur. Les statues de Saint François d’Assise et Saint Antoine de Padoue furent également attribuées plus tard à la paroisse par la famille Delcros. Dans un état remarquable, elles président la chapelle et le retable dédié à Notre Dame des Délaissés et à Saint Ferréol, se trouvent à gauche en entrant dans l’église.
Le peintre Frank Burty Haviland fait l’acquisition du couvent des Capucins en 1913 pour n’y demeurer que peu d’années, avant et après la Première Guerre mondiale. Pour raison de santé, il se rapprocha de sa famille à Paris, avant de revenir résider aux Capucins en 1918, et de revendre cette propriété en 1927, présentant à l’époque un nouveau bâtiment reconstruit tout en préservant seulement la chapelle et son chevet-campanile.
Les trois quarts des corps de bâtiment ont été démolis. Une cour ouvrant sur la vue du Canigou à l’ouest et sur la vue des Albères à l’est a été créée en lieu et place de plusieurs dépendances de moindre hauteur et couvertes d’une toiture à un seul pan, enclavées par deux corps de bâtiments transversaux, dont l’aile est, dont il ne subsiste que l’extrémité Nord, à l’angle du chevet-campanile de la chapelle. La margelle d’un puits encore existant, toujours équipée d’une arche ouvragée de fer forgé supportant une poulie permettant la descente et la remontée de seaux d’eau, bien que restaurée au milieu du siècle précédent, émerge au centre de cet espace, auparavant quasi totalement abrité par une grande toiture d’une seule pente, prenant appui sur le mur sud du campanile.
Le couvent des capucins est alors perçu comme une belle demeure ou « maison de campagne ».
Pour le mariage de Frank Burty Haviland avec Josée Laporta, le 8 janvier 1914, est organisée une réception fastueuse. Des invités et amis de marque, le compositeur Déodat de Séverac, le sculpteur Manolo Hugué, et bien d’autres.
Au début de 1920, grâce à l’appui de Manolo Hugué, l’artiste peintre André Masson s’installe aussi dans le couvent désaffecté, où il fêta son mariage avec Odette Cabalé le 13 février 1920, entouré de ses amis également artistes.
Parmi les propriétaires succédant au peintre Frank Burty Haviland, l’architecte des monuments historiques Alfred Joffre fut celui qui marqua le lieu le plus visiblement de son empreinte en y ajoutant notamment un balcon sur l’angle nord-est.
HISTOIRE
Pacte de Céret, 15 août 1640.
Lors de la guerre des faucheurs, le pacte de Céret, un traité d’alliance entre le roi de France et le conseil des Cent est signé le 15 août 1640 au couvent des capucins — alors sous administration de la principauté de Catalogne — pour que la France appuie la révolte des catalans contre l’Espagne. La France revendique la Catalogne et le pacte entraîne l’ouverture d’un nouveau front dans la guerre qui oppose les deux pays.
Traité des Pyrénées, 7 novembre 1659.
Le traité des Pyrénées, en mettant un terme à la guerre entamée en 1635 entre la France et l’Espagne, clôt une longue période d’un siècle et demi marquée par la prééminence de la maison de Habsbourg qui, forte de sa double implantation à Vienne et à Madrid et détentrice quasi assurée de la couronne impériale, prétendait à la monarchie universelle. Il instaure un nouvel ordre international, au bénéfice de la France.
Il est signé le 7 novembre 1659 sur l’île des Faisans. Les rois Louis XIV de France et Philippe IV d’Espagne y sont représentés par leurs Premiers ministres respectifs, le cardinal Mazarin et don Luis de Haro. La France récupère alors la province du Roussillon, comprenant le Vallespir, le Conflent, le Capcir et trente-trois villages cerdans.
Conférence de Céret, 22 mars 1660.
Une série de pourparlers s’ouvre officiellement à Céret du 22 mars au 13 avril 1660, sous le nom de Conférence de Céret pour fixer les grandes lignes du tracé de la frontière franco-espagnole, notamment le long et au sud du Conflent et du Vallespir. Bien qu’aucun écrit officiel ne précise rigoureusement la localisation de la Conférence de Céret dans la ville, le couvent est cependant réputé pour avoir hébergé cette conférence préparant notamment les dispositions de l’article 42 du traité des Pyrénées, dans le chœur de la chapelle, à partir du 27 mars 1660, après la guérison de Vallgornera résidant jusqu’alors dans la maison de Sebastià Ribes, place de la fontaine des Neuf Jets, lieu des premières discussions, selon la plupart des historiens. Le couvent des Capucins dépend alors de l’administration française.
(Il faudra attendre le Traité de Bayonne du 26 mai 1866 signé entre Isabelle II Reine d’Espagne et Napoléon III Empereur des Français pour fixer définitivement le tracé de la frontière.)